mercredi 27 mai 2009

Revenir


Encaisser les chocs.
Compter les poignards injustement reçus.
Ne plus se sentir à sa place.
Se dire que quelque chose doit changer.
Et, comme une évidence, se décider à partir.

Couper les ponts.
Ranger les souvenirs.
Emballer le présent.
Démonter le nécessaire.
Et, enfin, reprendre sa route.

Transporter.
Remonter.
Déballer.
Être tiraillé.
Et, tout de suite, se sentir à sa place.

Redécouvrir des lieux oubliés.
Réapprendre des souvenirs.
Se surprendre à découvrir le quotidien.
Se perdre dans des chemins qui ne sont plus tout à fait les mêmes.
Et, pourquoi pas, s'inventer un nouveau futur.

Investir le présent.
Boire l'instant.
Dévisser parfois.
Goûter l'inattendu.
Et, finalement, se dire que c'est une bonne idée de revenir.

vendredi 15 mai 2009

Ça cartonne


C'est marrant, la geekitude.

Après l'expérience du blog sur papier, je me rends compte que je suis bien atteint. Mon appartement est en cartons et en pièces détachées, mon frigo est débranché ; le seul truc qui marche encore, c'est l'ordinateur (pas portable) et la connexion internet. En attendant les copains déménageurs, je suis assis en tailleur par terre avec le clavier sur les genoux.

Le pire, en cette période de transition, c'est que je trouve encore le temps d'aller voir la vie Wikip(m)édienne.
Et cette semaine, je suis tiraillé par une de ces micro-polémiques dont nous avons le secret. ça se passe ici et la question semble anodine : comment intituler un article sur des œuvres universelles dans une encyclopédie francophone ? Le sondage lancé le 29 avril aboutit à un quasi match nul (je ne reviendrai pas sur la présentation orientée des résultats ni sur le fait que l'initiateur close lui-même). En fait, on s'en fout un peu du résultat ; ce qui compte c'est le débat.
Je dois bien avouer que je me lasse très vite des discussions sans fin mais là, le sujet me tenant à cœur, j'ai examiné le cas d'un peu plus près.

À ma droite, un contributeur volontiers polémique qui s'étonne que le sacro-saint principe de moindre surprise soit à ce point baffoué par une cotterie de mélomanes plus ou moins avertis qui a tendance à se retrouver dans un lieu étrange.
À ma gauche, une dynamique animatrice du projet musique classique qui sait fédérer autour d'elle par son dynamisme quitte à ne pas avoir sa langue dans sa poche.
Résultat des courses, pour l'instant ; tout le monde campe sur ses positions, les arguments et contre-arguments volent de plus en plus bas, l'initiateur du sondage intervient à tout bout de champ au lieu de conserer une neutralité de bon aloi. Sondage tragique sur Wikipédia : deux morts (un canard et une agrume).

Quant au fond, je me suis exprimé sur la page concernée ; je ne vais pas revenir dessus. Pour prolonger, je pense qu'on se retrouve ici dans un cas emblématique de friction entre le souci d'une culture mise à la portée de tout le monde francophone, quitte à utiliser des biais de traduction pour le moins étranges (cf. Der Fliegende Holländer) et la volonté de développer un savoir universel en respectant au mieux l'œuvre créée. Afin de ne pas brusquer un bon peuple francophone, et singulièrement français, réputé peu ouvert aux langues étrangères, on se devrait de proposer une culture pré-digérée et ne pas surprendre le brave lecteur en lui rappelant que le même Wolfgang a composé des opéras en allemand, comme Die Entführung aus dem Serail, mais aussi en italien, comme La finta semplice. Quoi de plus simple que de titrer l'article principal en fonction ?

Le débat est sans doute sans fin. Je retourne à mes cartons.

jeudi 7 mai 2009

Vue du train


Comment peut-on encore, en 2009, voyager en train sans avoir le bon sens de se munir d'un ordinateur portable ? Je me pose cette question quand, une fois achevé le trop facile sudoku de Libé, je me retrouve contraint à contempler les vaches sarthoises et les éoliennes beauceronnes. Et dire que j'ai plein d'idées pour alimenter mon blog avec un nouveau billet d'une rare pertinence ! Soudain, je me rends compte que, à défaut de technologie poussée, j'ai sous la main papier et crayon qui me permettent aussi d'écrire. C'est donc (presque) en direct du TGV 8828 que je vous livre mes pensées du jour.

Cela faisait longtemps que je n'avais acheté Libé. En fait, ça doit dater de mon dernier voyage en train entrepris avant l'heure de parution du Monde. Je ne regrette pas ma lecture du jour ; deux articles m'ont particulièrement interpellé.

En haut de la page 10, une brève nous annonce la nomination officielle de Charles Aznavour
comme ambassadeur d'Arménie en Suisse. Immédiatement, je me demande qui sera le premier contributeur à ajouter [[Catégorie:Diplomate arménien]] sur l'article du chanteur-acteur franco-helvético-arménien. Je me demande aussi si l'information sera correctement sourcée : c'est-à-dire par la référence à l'arrêté officiel et pas par un lien vers un article de journal ou une dépêche AFP (voire, pire, par un lien vers Wikinouvelles, le site qui est à l'information récente ce que la musique militaire est à la médecine).
Je me dis aussi que lors d'une visite à Berne l'été dernier, Mme la Présidente eût été mieux inspirée de prendre en photo l'ambassade d'Arménie en Suisse plutôt que celle du voisin. Avoir Aznavour comme locataire, ça vous fait clairement entrer votre ambassade dans les critères de notoriété d'admissibilité !

Page 32, c'est Christian Paul qui fait la der'. « Dopé par l'Hadopi » : on voit bien quel lectorat vise l'ancien canard de July avec ce titre. Je tombe évidemment dans le panneau en bon cyber-bobo trentenaire vaguement libertaire. Le portrait est ma foi agréable à lire et on est bien content de savoir que M. Paul aime l'opéra et l'art contemporain et qu'il ne se fait guère d'illusion sur le caractère légal des cyber-activités de ses enfants.
Contrairement à d'autres parlementaires, on pressent que le député de la Nièvre connait bien le sujet. On pressent seulement parce que quand on lit Libé, on est forcément anti-Hadopi et les arguments de l'ancien secrétaire d'État à l'Outre-mer ne sont pas très développés. Tous les lecteurs occasionnels de Libé ne sont pas forcément des acharnés de Vendredi et/ou des habitants de la blogosphère. Comment ne pas être dubitatif quand on voit que des esprits vifs comme Patrice Chéreau ou Juliette Gréco défendent avec vigueur cette loi désormais honnie par les élus de gauche ?
En fin d'interview, deux phrases s'entrechoquent : « [...] on ne fera pas du neuf avec de l'ancien. Demandez à Susan Boyle si elle regrette l'existence d'Internet. » Primo, malgré le talent que l'on peut deviner grâce à la fameuse vidéo de YouTube, je ne pense pas que Miss Boyle soit l'archétype de la modernité. Secondo, un buzz n'existe vraiment que s'il quitte la sphère d'Internet ; Suzan n'aurait jamais été aussi connue si son histoire n'avait été reprise par les journaux papiers et la presse audio-visuelle.

Bon, on arrive à Montparnasse ; je me déconnecte.

mercredi 6 mai 2009

800 000 articles sur Wikipédia, et moi, et moi, et moi ?

Ca y est, c'est fait. La Wikipédia francophone compte officiellement plus 800 000 articles.
Émotion bien compréhensible sur le Bistro du jour : on se chamaille pour savoir qui a eu l'honneur de créer cet article et déjà on se dit que In Real Time est sûr d'avoir sa place dans l'histoire.
Déjà, je pense à l'émotion qui submergera mes petits-neveux quand je leur raconterai avoir connu cette journée historique. On attend avec frénésie la sortie du communiqué de presse de Wikimédia France pour louer la création de ce 800 000e sujet encyclopédique francophone. On murmure déjà que LPLT, l'auteur de cet article, est bien placé pour devenir chevalier des Arts et Lettres lors de la promotion du 31 juin prochain.

Ou pas.

En fait, on s'en fout un peu, non ?